Donc, les hommes ne seront pas enclins à écouter avec plaisir quand, quelquefois, ils discuteront de l’amitié, qu’ils ne connaissent ni par l’expérience ni par la raison. Car qui donc, par la foi des dieux et des hommes ! voudrait être tel, ni aimer personne ni être aimé de personne, être immergé dans toutes les richesses et vivre dans l’abondance de toutes choses ? Car voilà assurément la vie des tyrans, où il ne peut y avoir ni confiance, ni amour, ni stabilité dans la bienveillance, tout étant toujours suspect et inquiétant, aucun lieu pour l’amitié.

Il a été conçu à ce sujet que certains hommes inconnus, peu prudents par leur propre insignifiance, seraient chargés de collecter des rumeurs le long de tous les côtés d’Antioche pour rapporter ce qu’ils entendaient. Ceux-ci, en se mêlant aux cercles des honorables avec adresse et en parcourant les maisons riches et pauvres, rapportaient secrètement tout ce qu’ils pouvaient apprendre ou entendre, introduits clandestinement par les arrière-cours dans le palais, observant cela par un accord conspirateur afin de fabriquer des mensonges et d’aggraver ce qu’ils connaissaient déjà, supprimant les louanges de César, que la crainte de nombreux maux imminents contraignait malgré eux.

Je passe sous silence les affaires judiciaires dans une cité libre contre les lois et les décrets du Sénat ; je laisse de côté les meurtres ; je néglige les passions, dont le témoignage le plus amer existe et qui rappelle à une honte remarquable et presque à une haine juste envers notre empire, puisqu’il est avéré que des vierges très nobles se sont jetées dans des puits pour éviter une honte nécessaire et ont écarté par la mort volontaire une ignominie. Et je ne passe pas cela sous silence parce que ce ne sont pas des choses très graves, mais parce que je le dis maintenant sans témoins.